A l'issue de la représentation de « SUNDERLAND»,
pièce de Clément KOCH, au Petit Théâtre de Paris, le vendredi 1er
juin 2012 à 21 h 00, l’auteur, Clément KHOCH, le metteur en Stéphane HILLEL et
les comédiens, Claire GALOPIN, Caroline MAILLARD, Géraldine MARTINEAU, Vincent
DENIARD, Vincent NEMETH, Thierry DESROSES et Pascale MARIANI ont accordé à
notre association une rencontre exclusive. Nous vous proposons de revivre
l’intégralité de ce moment privilégié.
Petits Théâtres entre Amis (PTA) : En lisant
votre biographie reproduite dans le dossier de presse, on y apprend que vous
n’étiez apparemment pas du tout prédestiné à l’art dramatique. Comment
passe-t-on d’une usine automobile à Newcastle à l’écriture théâtrale ?
Clément KOCH (CK) : Disons que je me suis
autorisé le droit de me tromper ! J’ai travaillé comme beaucoup de gens à
l’étranger dans un bureau et un moment je me suis un petit peu ennuyé. J’ai
alors décidé de faire autre chose. Comme je travaillais aussi dans un cours de
théâtre, j’ai décidé de me lancer. J’ai fait le métier de comédien pendant
douze ans et je me suis mis à écrire d’une manière assez fluide sans me poser
trop de questions. Je devrais m’en poser un peu plus d’ailleurs !
PTA : Ah ! Ce soir, vous vous en êtes
posés beaucoup des questions !
CK: Donc, ça c’est fait naturellement. C’est un
choix de vie et c’est un peu de l’inconscience. Je suis content d’avoir été
inconscient !
Thierry DESROSES (TD) : Nous aussi, on est
content que tu l’aies été !
PTA : « Sunderland » c’est votre
deuxième pièce. La première s’intitule « les ailes sombres d’un
ange », pièce qui a été primée par le Ministère de la Culture. Pouvez-vous
nous en dire plus sur ce prix délivré par le Ministère de la culture ?
Pouvez-vous nous raconter rapidement le sujet et est-ce que votre pièce a été
montée ?
CK : Alors, d’abord, s’il y a un Directeur de
Théâtre dans la salle, il n’y a pas de problème, elle est à vendre ! Le
Ministère de la culture sélectionne quinze textes par an. Il donne soit une
bourse d’écriture, si l’écriture leur plait, ça s’appelle « une bourse
d’aide à l’encouragement », soit, si vous avez un producteur, il peut vous
aider à produire le spectacle ce qui peut convaincre les scène nationales, peut
être moins le théâtre privé. Quant aux « ailes sombres d’un ange »,
l’histoire est la suite des « Caprices de Marianne » 20 ans après.
Donc, rien à voir avec « Sunderland », rien à voir avec une écriture
contemporaine, c’est plutôt une écriture assez ampoulée. Je ne sais pas ce que
ça donnerait. Maintenant, il faut passer à l’épreuve de plateau pour voir si ça
tient la route ou pas. J’espère pouvoir l’affirmer ou en tout cas le vérifier
dans les années qui arrivent.
PTA : Il n’y a pas une critique qui ne compare
pas votre pièce aux films de Ken LOACH, Mike LEIGH, « Full Monty »,
« Billy Elliot »…. Est-ce que votre modèle d’écriture c’est
effectivement les auteurs anglais et si oui, pourquoi ? Est-ce qu’il n’y a
pas des auteurs Français avec lesquels vous pourriez vous sentir proche ?
CK : Ah ! J’aurais du réviser, là !
Non, comme beaucoup d’entre vous, j’imagine, je suis très fan du cinéma
anglais. Il n’y a pas forcément que Ken LOACH mais je suis très fan de cette
écriture là et en général, je suis très fan des écritures un peu ciselées,
travaillées. Je ne sais pas si c’est le cas pour « Sunderland », en
tout cas c’est le cas pour beaucoup d’œuvres anglaises qui arrivent chez nous.
Parce qu’en Angleterre, il y a aussi des œuvres qui n’arrivent pas et qui ne
sont pas forcément non plus des œuvres d’art ! Oui, je suis fan du cinéma
anglais, je suis fan aussi des œuvres du cinéma ou du théâtre
« social » et comme je suis en plus issu d’un bassin minier, ça a des
résonnances chez moi qui sont assez proches… C’était quoi, l’autre question ?!
PTA : Est-ce qu’il y aurait des auteurs
Français qui seraient aussi vos modèles ?
CK : Oui, j’aime beaucoup le théâtre de Bacri,
Jaoui, j’aime beaucoup le théâtre classique en général. Après, dans les auteurs
d’aujourd’hui, il y a beaucoup d’auteurs que j’aime beaucoup comme SIBLEYRAS et
Jean DELL quand ils travaillent ensemble. C’est vrai que l’écriture
anglo-saxonne me plaît plus parce qu’elle est plus dérangeante, elle est plus
abrasive, elle est plus surprenante. Je pense aussi qu’aux Etats unis et en
Angleterre, il y a une liberté de production qui est plus grande qu’en France.
Arrivent parfois sur le plateau des textes de gens inconnus qui n’ont pas eu
besoin de montrer pattes blanches. Les choses sont plus sur la qualité du
texte, je trouve. Comme pour les comédiens... Beaucoup de comédiens aux Etats
unis passent des castings et ça ne leur posent pas de problème. Tout est en
fait affaire d’instant, de qualité de l’objet proposé et moins de contact, de
carnet d’adresse. Pour l’avoir un peu expérimenté en Angleterre, et pour
expérimenter « Sunderland » en Angleterre en ce moment, les choses
sont plus brutales, directes et franches.
PTA : « Sunderland » se joue en
Angleterre ?
CK : La pièce est en train d’être négociée
justement avec les Anglais. C’est très difficile parce que le théâtre Anglais
est très protectionniste. On est en train d’imaginer la pièce avec un
producteur Anglais et pour ne rien vous cacher il est possible que la pièce
s’appelle… « Saint Etienne » ! Il y a une chose qui est très
amusante d’ailleurs. Les Londoniens sont très contents de voir une pièce sur le
nord de l’Angleterre qui le raille un peu et les gens de Sunderland entre autre
et de Newcastle, dont certains sont venus voir la pièce, ne sont pas très
satisfaits d’avoir entendu qu’une pièce sur eux se jouait à Paris. Ils ont
délégué un groupe de supporters qui sont venus en maillot pour vérifier l’état
de la pièce !
Vincent DENIARD (VD) : Pour l’anecdote, c’était
il y a quelques mois. Pendant qu’on saluait, je regardais les gens dans le
public et je vois un monsieur qui me regarde et je vois qu’il a une veste et en
dessous je reconnais la rayure rouge et la rayure blanche. Il voit que je le
regarde et il ouvre son manteau ! Ensuite, on a discuté et ils étaient
ravis.
CK : Il y a eu beaucoup de suspicion. J’ai
donné trois interviews à la BBC, à la radio en direct à la fois à Londres et à
Newcastle, et il y a eu beaucoup d’articles du « Times », « The
Independant » qui sont venus et qui ont été vraiment interloqués par cette
affaire et cette troupe de Français qui se permettaient d’avoir un avis sur le
théâtre Anglais ! Je crois qu’on ne les a pas trop choqués mais si la
pièce se monte en Angleterre, ça serait un joli pied de nez, je trouve !
PTA : C’est vous qui allez assurer la traduction ?
CK : Non, la traduction est faite par une
traductrice qui est de Sunderland ! Moi, je vais maintenant apporter la
patte « St Etienne » !! ça
va être plus dur.
PTA : Caroline MAILLARD vous avez remplacé
Constance DOLLÉ laquelle expliquait dans une interview comment elle était
devenue Ruby ? Et vous, Comment avez-vous préparé votre rôle ? Vous
êtes-vous entretenue avec Constance DOLLE pour qu’elle vous donne des pistes
d’interprétations ?
Caroline MAILLARD (CM) : Non, pas plus que ça.
C’est un peu différent parce qu’on n’a pas le même temps pour préparer un rôle.
Donc, on rentre un petit peu dans les « marques », de ce qui a déjà
été créé et après on fait avec sa nature. Mais, ça aurait été plus intéressant
effectivement que ça soit Constance DOLLE qui réponde !
PTA : Non, pas du tout ! C’est intéressant
aussi de prendre un rôle au pied levé. Alors, en fait, si j’ai bien compris,
vous aviez une marge de manœuvre moins importante parce que vous deviez coller
à l’interprétation de Constance.
CM : Plus ou moins. Mais après, on ne fait pas
exactement la même chose puisqu’on fait avec sa nature, avec ce qu’on est. Nous
sommes différentes donc forcément ça donne quelque chose de différent. Mais, c’est un autre travail, ce n’est
pas la même chose.
PTA : J’aimerai avoir votre ressenti à tous sur
la perception qu’a la Presse sur cette pièce. Il y a en fait trois visions de
cette pièce : Le Figaro, voit dans cette pièce « une touche
d’amoralité gentiment assumée », L’express indique que « le
spectateur est promené du mélo aux limites de l’immoralité » et Philippe
TESSON, qui met tout le monde d’accord, en nous disant « rassurez-vous la
morale est sauve ! » On ne va pas jouer les censeurs ce soir et
plutôt que de parler de moralité, je préfère aborder la question sous un autre
angle et vous demander si, d’après vous, cette pièce est politiquement
incorrecte ou si elle est tout simplement dans l’air du temps ?
CK : Je pense que le sujet de la pièce, ce
n’est pas les mères porteuses. Le vrai sujet de la pièce, je trouve que c’est
l’hérédité, c’est tout ce qui se passe entre un parent et un enfant, tout ce
qui se transmet et tout ce qu’on ne veut pas transmettre. Je pense que ceux qui
jugeraient la pièce hors de la moralité… je ne pense pas que ça le soit puisqu’il
n’y a pas dans l’écriture quelqu’un qui dit c’est bien ou c’est pas bien.
Encore une fois, ce n’est pas le vrai sujet de la pièce. Pour moi, elle n’est
pas morale ou immorale.
PTA : Le metteur en scène a-t-il la même
vision ?
Stéphane HILLEL (SH) : Le metteur en scène il
ne pense rien ! Un metteur en scène ça ne pense pas ! Non, je suis
d’accord avec Clément, je ne crois pas que le sujet de la pièce ça soit
véritablement mère porteuse, pas mère porteuse. Le sujet de la pièce c’est
qu’est-ce que les gens peuvent faire en Angleterre ou en France quand ils sont
tout d ‘un coup dans la misère pour s’en sortir ? Jusqu’où on est
prêt à aller ? C’est ça le vrai sujet. Tu vois Clément, t’as rien compris
à ta pièce !! Ce qui m’a intéressé c’est… jusqu’où on est prêt à aller
pour s ‘en sortir ? Y compris aller vendre son corps ou ce qui nous
paraît invendable, c’est à dire un enfant. Echanger un enfant contre de
l’argent. Voilà. Et là, je rejoins Clément. Ce que j’ai tout de suite aimé dans
la pièce c’est qu’il n’y a pas de jugement moral. Il ne donne pas de leçon, il
ne dit pas ça c’est bien, ça c’est mal, il ne dit jamais ça dans la pièce. Il
pose des choses et il dit « voilà, aujourd’hui, c’est comme ça. »
Alors, évidemment, on est toujours choqués par ça, par l’idée qu’on puisse
vendre son enfant. Mais, est-ce que c’est ça qui est le plus choquant ou est-ce
que c’est d’être obligé d’en arriver jusque là pour s’en sortir ? La
pauvreté est telle qu’on en arrive la. Est-ce que ce n’est pas ça qui est le
plus choquant ?
TD : Il y a aussi pour moi une dimension
humaine qui est très forte. Cette solidarité, cette amitié, cet amour qui est
véhiculé, moi je trouve que c’est aussi l’un des aspects très important de la
pièce.
VD : C’est avant tout une pièce sur le foot quand
même !
PTA : Et l’adoption par les couples
homosexuels. Vous n’avez pas voulu aborder ce débat non plus ?
CK : Il n’y a pas de débat, il n’y a pas de
réponse.
Vincent NEMETH (VD) : C’est pour ça qu’il n’y a
pas de point de vue moral ou immoral. Il n’y a pas de débat. C’est donné comme
une réalité. La réalité est celle-la et elle est en dépit de toutes les lois.
Ce que ça raconte aussi c’est que les gens se débrouillent et c’est un état de
fait. Ce sont des choses qui arrivent. Alors qu’est-ce qu’on fait avec ça
après ? Et c’est ça qui est intéressant. Le point de vue moral n’est pas
intéressant. Le point de vue intéressant c’est que c’est un fait, ça arrive et
comment c’est vécu et comment ça peut être intégré. Après, bien sûr, on peut
avoir un point de vue personnel sur la question de la transmission, pas la
transmission, de l’adoption, pas l’adoption, le couple homoparental, pas le
couple homoparental etc. Bien sûr, c’est plein de questions. Ce qui est
intéressant dans cette pièce pour aborder les personnages c’est qu’on se place
toujours par rapport à un point de vue humain mais la morale n’aide pas. Chaque
personnage est fort dans la pièce, c’est ça qui est beau. Chacun a raison et
chacun défend un point de vue fort.
VD : D’autant que Christine BOUTIN est venue et
elle a adoré !
SH : Il avait le droit à deux vannes !
PTA : Est-ce que les effets comiques sont
écrits ou est-ce que c’est la mise en scène qui les a renforcés ?
SH : J’aurais bien voulu que la mise en scène
renforce mais non, c’est écrit. ! La première fois qu’on lit une pièce
quand on va la mettre en scène, on est simplement un des premiers spectateurs à
découvrir quelque chose, un texte, une pièce. Donc, c’est parce qu’on rit,
nous, premier lecteur, que après on essaye de reproduire ça et que les acteurs
arrivent à reproduire ça. Je pense que chaque acteur quand il l’a lue, il a ri
aussi à plein d’endroits. C’est ce mélange là d’ailleurs qui est savoureux, le
théâtre c’est fait pour ça, pour poser les questions comme ça, pas forcément
pour y répondre, pas pour donner une leçon. Chacun y prend ce qu’il veut et y
répond comme il veut. Clément ne donne pas son avis, il pose les choses en nous
faisant sourire souvent et en étant à d’autres moments beaucoup plus émouvant
parce que la situation est plus grave. C’est ce mélange de rire et d’émotion
qui est savoureux.
CK : Moi, j’ai été sensible au travail de tous
les acteurs. Il y a un code de jeu pour tout le monde, il y a une manière de
jouer peut être un peu particulière sur ce spectacle là où les choses sont
envoyées de manière très sèche, très frontale. Le travail de Stéphane a porté
surtout sur cette qualité de préserver la troupe, dans ce rapport tendu qui
fait que la pièce ait, à mon avis, un sens. La seule chose que j’aurais pu dire
aux acteurs c’est que, j’ai l’impression que c’est une pièce qui se joue avec
les mains dans la prise au départ. Quand on commence, il faut que les comédiens
soient chargés. Et ça, l’auteur ne peut pas le faire, c’est vraiment un travail
d’acteur et de metteur en scène.
PTA : Comment avez-vous choisi vos
comédiens ? Est-ce le metteur en scène qui a choisi ou est-ce que vous
aviez votre droit de regard ?
SH : C’est quand même le metteur en scène qui
fait la distribution, c’est comme ça, mais quand même en disant à l’auteur à
qui on a pensé. Et puis, Clément n’est pas venu beaucoup aux répétitions.
CK : Non, je ne voulais pas.
SH : ça
dépend des auteurs. Il y en a qui veulent venir très souvent, d’autres viennent
peu. Le rythme de Clément me convenait très bien. Il est venu une fois tous les
mois, c’est-à-dire, lorsqu’il y avait quelque chose à voir, quand il y avait
une évolution à voir. Si l’auteur est là tous les jours, il est comme moi, il
ne voit plus trop l’évolution. Ce regard là est très utile parce que ça vous
permet aussi d’avoir le regard de l’auteur qui peut dire à un certain moment,
« attention, là, vous n’êtes plus dans le sens. » Donc, c’est en
général le metteur en scène qui fait la distribution avec l’aval de l’auteur.
PTA : Vous vous connaissiez pour la plupart
d’entre vous ?
SH : ça
dépend. La, on a une distribution qui évolué. Dans la distribution initiale, je
ne connaissais personne. Elodie NAVARRE, je l’avais vue jouer. Constance DOLLE,
je l’avais vue jouer mais je ne la connaissais pas dans la vie. Je connaissais
Caroline qui a repris le rôle de RUBY parce que nous avons déjà joué ensemble
et qu’elle a déjà joué au Petit Théâtre de Paris. Tous les autres, ce sont des
gens que j’ai découvert à l’occasion d’essais et d’auditions.
PTA : Est-ce que le physique des acteurs a été
important dans votre choix ?
CK : A qui vous pensez ?
TD : Il y a un physique qui s’imposait à
l’écriture même… moi, seulement ! Il fallait obligatoirement un
noiraud ! C’est pour ça que je suis là d’ailleurs, ce n’est pas pour mon
talent ni autre chose ! J’étais le seul disponible… à ce moment là !
SH : Le physique a rarement de l’importance.
Avant Vincent, l’acteur que j’avais pressenti n’était pas du tout dans le même
physique. Et puis après, j’ai vu Vincent et ça s’est imposé, évidemment. S’il
avait été mauvais comme un cochon, je ne l’aurais pas pris parce qu’il avait ce
physique là. Bien sûr, il a le physique mais s’il avait été très mauvais…
d’ailleurs il est très mauvais !! Mais ça pourrait être un autre physique.
Rien ne dit que Gaven mesure… Combien ? Dis-le !
VD : 1 mètre 97 !
SH : Mais ce n’est pas écrit, il aurait pu
mesurer 1 m 60. Tiens d’ailleurs… !
PTA : Est-ce que vous avez donné des consignes
précises au décorateur, Jacques VOIZOT, ou lui avez-vous donné carte
blanche ?
SH : C’est un décorateur que je connaissais
parce qu’il avait fait le décor d’une pièce que je n’avais pas mise en scène
mais que j’avais jouée très longtemps, c’était « Les Palmes de Monsieur
SCHUTZ ». Il y avait pour « Sunderland » ce même réalisme
nécessaire. Jacques a beaucoup de talent pour traiter un décor réaliste. C’est
réaliste mais en même temps il y a une sorte de poésie dans ses décors. Je me
suis adressé à lui pour ce motif là. Ça dépend des décorateurs mais avec Jacques,
j’avis une idée très précise de l’architecture du lieu, je voulais cet
escalier, je voulais que la cuisine soit dans la pièce. Je lui ai donné la
géographie du lieu mais l’idée de mélanger cette espèce de patine avec la
brique, ce sol en bois… c’est lui.
PTA : En parlant des décors, nous avons pu lire
dans la presse que les affiches choisies et plus précisément celle des
« Clash » avait une symbolique particulière. Est-ce vrai ?
CK : Moi, je ne l’ai pas choisie et je ne l’ai
pas écrit. Il faudrait demander à Jacques.
SH : Vous voulez la vérité ? C’est
formidable parce que parfois on lit des trucs et on se dit d’où ça sort !
Mais tant mieux ! Il n’y avait aucune symbolique !! On avait quatre
affiches dont les Clash et c’était la seule qui était mate ! Sinon, les
autres, elles brillaient dans la lumière.
PTA : Alors, pour les adhérents, la presse a vu
dans cette affiche la symbolique suivante : Paul SIMONON, le bassiste,
brise son instrument avec la même rage qu’a Sally à défendre sa petite
sœur !
SH : Ce n’est pas du tout ça mais s’ils ont vu
ça, c’est très bien ! Moi, ça ne me gêne pas… du moment que son papier
était bon !
PTA : J’ai écouté sur Youtube la chanson titre
et on y apprend que les paroles sont de vous Clément KOCH…
CK : Oui, en une nuit ! On m’a demandé de
le faire, je l’ai fait !
PTA : La musique est de François PEYRONY et la
chanson est interprétée par Séverine VINCENT. Comment aves-vous rencontré le
musicien et l’interprète et qu’est-ce qu’elle veut dire cette chanson ?
CK : ça
s’appelle « Pint of life », une pinte de vie. C’est une fille qui est
dans sa voiture, qui se change dans sa voiture, qui met du vernis, qui met une
robe courte comme elles savent très bien le faire au nord de l’Angleterre et on
comprend un moment qu’elle met la pédale d’accélérateur et qu’elle se jette
dans le vide. C’est un peu comme l’affiche, il a fallu faire très vite et dans
la spontanéité. Quant au musicien, c’est Stéphane qui travaillait avec
François.
SH : Oui, on avait fait déjà plusieurs spectacles
ensemble. J’aime bien ce qui fait. Et puis, c’est un musicien qui colle à ce
que raconte une pièce. Clément m’avait donné un CD en me disant « écoute
ça, j’ai écrit la pièce en écoutant ça. » J’ai mis ça dans ma voiture et
j’ai écouté ça pendant longtemps d’ailleurs. C’était Amy Mc Donald. Mais, je
trouvais que ça ne collait pas du tout avec la pièce ! J’ai donné ça à
écouter à François PEYRONY et je lui ai dit « écoute ça mais ce n’est pas
la musique, ce n’est pas le rythme, alors trouve moi autre chose de plus lent
et quelque part de plus doux » !
CK : Est-ce que c’est vrai que Séverine VINCENT
a chanté Emilie JOLIE ?
SH : Ecoute, je crois.
TD : Enfant, c’était elle.
PTA : ça,
on ne le lit pas dans la presse ! Comment avez-vous travaillé votre rôle
d’autiste, Géraldine MARTINEAU ?
Géraldine MARTINEAU (GD) : Moi, je fais partie
de l’équipe 2. Comme ce que Caroline MAILLARD expliquait un petit peu tout à
l’heure, ce qu’elle disait c’est un petit peu valable pour moi. J’ai quand même
récupéré les places de l’actrice précédente. On a travaillé avec Stéphane pour
faire émerger cet autisme sans non plus trop en parler, en essayant de ne
pas tomber non plus dans les clichés et sans chercher des choses précises sur
la maladie. Moi, il se trouve que c’est quelque chose que je connais assez bien
aussi. C’est aussi faire sortir l’autiste qui est en moi, comme le supporter
beauf chez Vincent !
PTA : Vous avez un supporter beauf en vous,
Vincent DENIARD ?!
SH : Il a fallu que je lui explique le foot de
A à Z, il ne connaissait rien !! Sur l’autisme, juste une chose. Je ne
voulais pas du tout qu’on aille trop dans la maladie. D’abord, parce qu’il y a
toutes les formes d’autisme. C’est tellement large cette maladie que je pensais
que ce n’était pas indispensable d’être dans la vérité absolue. Et puis, le
théâtre ce n’est pas fait pour faire de la vérité, c’est fait pour faire
semblant de dire la vérité.
PTA : A propos de la vidéo, est-ce c’est un
élément que l’on retrouve dans la pièce ou est-ce un choix de mise en scène de
ne pas avoir la comédienne sur scène ?
SH : Ce n’est pas une question économique comme
on me l’a souvent demandé. J’ai adoré cette pièce à la première lecture mais il
y avait qu’une seule chose à la relecture où je me suis dit « ça c’est
toujours un peu délicat parce qu’on l’a déjà vu », c’est le fantôme d’un
personnage qui revient et qui est sur scène. C’est très vite conventionnel,
dans la manière dont on le traite. La seule critique que je faisais à la pièce
c’est que le rôle de la mère était beaucoup plus long et qu’elle parlait de
chose qui m’intéressait moins qui était en fait sa vie à elle. Ce qui
m’intéressait c’était ce qu’elle disait par rapport à ses deux filles. J’ai
donc demandé l’autorisation à Clément de couper. Il m’a laissé couper ce que je
voulais et m’a même dit que je pouvais en couper encore ! On en voit de
plus en plus de la vidéo au théâtre parce que pour les metteurs en scène c’est
un jouet, parce que la technique est de plus en plus performante là-dessus donc
on a envie de jouer avec ça comme les enfants. Moi, je n’étais pas plus fou que
ça à l’idée de faire de la vidéo mais c’était le seul moyen que j’avais trouvé
dans ma tête pour faire apparaître et disparaitre un personnage d’une manière
instantanée. Sinon, il fallait la faire entrer et sortir et ça m’embêtait un
peu quand même.
PTA : Est-ce que vous avez une pièce en
préparation ? Quels sont vos projets ?
CK : Oui, j’ai une pièce en magasin !
« Sunderland » a eu un gros succès pour moi à titre personnel aussi.
J’ai eu la chance de profiter de la pièce. Il y a beaucoup de gens du métier
qui sont venus. Donc je travaille sur l’écriture d’un film suite à
« Sunderland » qui n’a rien à voir avec « Sunderland »
d’ailleurs !
PTA : Réalisé par qui ?
CK : On en est au stade où je dois écrire
l’adaptation ! Donc, je n’écris pas une autre pièce puisque j’essaye
d’écrire un scénario de cinéma.
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