A l'issue de la représentation de la pièce de Marc
FAYET « LE SCOOP», au Théâtre Tristan Bernard, le vendredi 23 novembre 2012 à 21
h 00, l’auteur et metteur en scène, Marc FAYET, son assistante, Lila REDDOUANE
et les comédiens, Philippe MAGNAN, Frédérique TIRMONT, Guillaume DURIEUX et
Aurore SOUDIEUX ont accordé à notre association une rencontre exclusive. Nous
vous proposons de revivre l’intégralité de ce moment privilégié.
Petits Théâtres entre Amis (PTA) : Quel a été
l’élément déclencheur, qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire sur le monde
des médias et de la presse ?
Marc FAYET (MF) : Je trouvais que les personnages de
grands reporters sont porteurs d’histoires de témoignages et je n’en voyais
pas, que ce soit à la télé ou au cinéma ou au théâtre. Je trouvais que c’était
un personnage qui était rarement exploité. On raconte les commissaires de
police, on raconte un chef d’entreprise, un Président, mais le grand reporter
n’existe pas fondamentalement alors que lui-même a de quoi alimenter même tous
les fantasmes. Ce sont des gens passionnants et qui posent des vraies questions
sur notre société, qui sont les témoins, qui sont à la recherche d’une certaine
forme de vérité. Et comme on dira que dans mon écriture il y a aussi cette recherche
de savoir ce qu’il y a derrière où il y a une forme de vérité à trouver, où il
y a un secret à débusquer, je trouvais que c’était vraiment le personnage le
plus emblématique. En plus, je voulais que ce soit un personnage qui ait
traversé un certain nombre d’années, ce qui me permettait de confronter ce
vieux journaliste à un jeune journaliste. Et nous interroger sur notre société
aujourd’hui, sur la rapidité, la vitesse de l’information. Qu’a-t-elle à voir
avec celui qui a vécu il y a cinquante ans où ça allait beaucoup moins vite. On
n’avait pas internet, on n’avait pas toutes ces choses là. Et, ils avaient un
moins pour aller faire un reportage et ils n’avaient pas juste trois jours,
c’est pas possible. Maintenant, on demande même aux gens dans les pays de
prendre leur appareil photos, leur téléphone et d’envoyer leurs images. En
France, ils essayent d’expertiser, d’analyser, mais je trouve que les gens
n’ont plus la matière de réfléchir, de comprendre et de pouvoir digérer les
choses. On ne digère plus maintenant. On crache, voilà. On crache, on crache de
l’info et hop, ça disparaît ! Voilà, c’est un peu tout ça et je me suis
dit que ça faisait aussi un bon sujet de pièce parce que je pouvais donner des
ingrédients qui ressemblent un peu à une pièce à suspens pour qu’il y ait une
atmosphère un peu de thriller. Voilà, il y avait tout ça.
PTA : Même si vous avez une excellente presse,
il y a tout même une critique qui regrette le manichéisme de votre pièce.
Etes-vous d’accord avec cette réflexion ?
MF : Non, forcément non ! Je ne pense pas que
ce soit manichéen. Non, je ne suis pas d’accord.
PTA : Il n’y a pas les méchants d’un côté et
les gentils de l’autre ? ! C’est ça « manichéen » !
MF : Oui, bien sûr mais le sujet nous permet de nous
interroger nous tous. Et, moi, je ne dis pas, « c’est ça qu’il faut
faire ! » Je ne dis pas « il y a des gens gentils, il y a des
gens méchants. » Même Pierre Merlin-Pontet… son personnage a des zones
d’ombre auxquelles on n’aura jamais accès. C’est pas simple, c’est pas lisse.
Il n’y a rien de lisse. Surtout que ma pièce s’arrête de façon assez abrupte et
on me l’a assez reproché.
PTA : Effectivement, vous faites dire à Pierre
Merlin-Pontet à la fin de la pièce : « Si vous voulez rester libre,
ne croyez surtout pas tout ce que je dis. » Or, cette réplique a été
commentée par Hervé CHABALIER, Grand reporter, fondateur et Directeur de
l’agence « Capa » qui a beaucoup aimé votre pièce mais qui a émis une
réserve sur son côté pessimiste.
MF : Et oui, mais ça c’est l’auteur ! C’est
l’auteur qui choisit ça !
Philippe MAGNAN (PM) : Ce n’est pas pessimiste
cette phrase finalement ! ça
veut dire, « garder votre esprit critique. »
MF : Bien sûr, tu as raison mais venant d’un
journaliste c’est quand même « tout ce que j’écris, faut quand même le
croire, voilà ! » C’est ça qui l’a un peu embêté.
PM : On peut toujours se poser des questions et
faire le bilan après.
PTA : Le journaliste, sa vocation c’est
d’informer, d’instruire et on peut supposer que c’est l’instruction qui va vous
rendre libre et là, l’auteur est en train de dire « attention, moi,
journaliste, je ne vais peut être pas vous donner la vérité absolue. Si vous
voulez rester libre,
doutez ! »
MF : Effectivement, un journaliste ne le dira
jamais. Mais, ça, c’est moi qui le dis. C’est vrai que ça c’est l’auteur qui
impose qui dit « attention, on nous balance tout ça mais, c’est ce que
disait Philippe, gardons notre libre arbitre. Gardez-le, gardez votre
liberté !
PM : Le doute est créateur. Descartes l’a
montré. Il faut commencer par douter pour construire quelque chose. Non, mais,
c’est l’esprit critique avant tout.
Frédérique TIRMONT (FT) : C’est dans le même
esprit que la réplique j’ai, moi avec Guillaume dans le scène du bar où je
dis : « je voudrais simplement que vous mettiez tout ceci en
perspective et pratiquer avec la plus grande indépendance possible et une
absence de liberté », c’est la même idée.
PM : C’est un peu la même idée. Il faut
remettre, en effet, les choses dans leur contexte. On a trop souvent tendance à
sortir tel ou tel propos d’un contexte, d’une réalité et assumer tout seul une
vérité qui ne porte pas.
Guillaume DURIEUX (GD) : Et l’information prise
dans un système de rédaction qui aussi influe. Ce que l’on voit dans le
personnage de Dupire. L’information, elle est livrée aussi au travers d’une
rédaction, de certains choix qui ne sont pas forcément ceux du journaliste et
qui peuvent agir aussi sur la liberté que le journaliste peut avoir sur
l’information qu’il va donner.
PTA : Votre personnage est peut être le plus
dérangeant de la pièce du fait de son changement d’attitude d’une scène à
l’autre. Il est choqué par les propos de Dupire et les mets en application
immédiatement après !
GD : Ce que vous avez oublié c’est que j’ai une
caméra pendant que je suis avec Dupire. Je joue. Attention, le personnage est
totalement caméléon.
MF : Exactement. Parfois, une partie du public
oublie et peut être que vous avez oublié que ce que l’on comprend à la fin
c’est que la manipulation c’est lui qui la mène depuis le début. Il joue sur
tous les tableaux. D’autant plus qu’il soit dans cet état là pour que l’autre
puisse marcher dans la combine. Tout le monde marche dans sa combine. Il faut
qu’il fasse marcher Pierre Merlin-Pontet, qu’il fasse marcher sa femme parce
qu’il a qu’un seul objectif : c’est à la fin dire « vous êtes
responsable de la mort de mon père », c’est tout. Donc, effectivement, on
joue sur tous les tableaux. La manipulation, elle existe partout. Surtout,
entre lui et Dupire parce que c’est Dupire qui croit tenir les reines alors que
c’est Guillaume qui les tient. C’était très important dans la pièce de
développer la manipulation. Quand quelqu’un croit avoir le pouvoir, en tout cas
le détenir pour détruire l’autre, ça aussi, c’était très important. Parce que
là aussi, il y a une entreprise de destruction.
GD : C’est vrai que le public prend souvent ça
pour argent comptant. Ça vous a dérangé ?
PTA : Non, ça ne m’a pas dérangé mais ça m’a
questionné. C’est une pièce qui questionne quand même ! Ce qui m’a aussi
c’est questionné, et on en parle beaucoup, c’est la déontologie. Si on en croit
la pièce, apparemment, la déontologie, c’était hier. Aujourd’hui, il n’y en a
plus !
MF : Non ! Seulement chacun se débrouille avec
sa propre déontologie. Qu’est-ce qui fait qu’entre TFI et France 2, il y en a
un qui ira un peu plus loin que l’autre ? Fondamentalement, c’est
subjectif. Et d’ailleurs, au moment où j’étudiais pour cette pièce, j’avais
interviewé à France Inter Yvan Levaïl
qui m’a dit « mais la déontologie, c’est une connerie ! Ce
n’est pas la déontologie qui compte, c’est l’honnêteté. » Et en fait, tout
est là. Et l’honnêteté, après, ça aussi, on est plus ou moins honnête. Donc, la
déontologie, on est plus ou moins dans la déontologie. Et sait que plus ça ira
et moins il ya aura de déontologie de toute façon, c’est évident. Maintenant,
on vend n’importe quoi, n’importe comment. J’ai repris la phrase d’Ivan sans
lui demander de droits d’auteur ! Je la donne à Pierre Merlin-Pontet.
PTA : Est-ce que ce que nous disent les
journalistes est le reflet de ce qu’ils pensent profondément ou bien est-ce
qu’ils ne font que répéter ce qu’on leur demande de dire pour satisfaire le
public ?
MF : Tout dépend la boutique dans laquelle ils se
trouvent. Ils ont des Directeurs de rédaction qui montent les curseurs. Mais,
quand on est engagé dans un journal, on en accepte la ligne éditoriale, tout
simplement. Si on n’est pas en accord, on va ailleurs. Mais, dès lors qu’on
l’accepte cette ligne éditoriale, on avance avec.
PTA : C’est ce que disait Etienne
Mougeotte : « Si ça ne vous plaît pas, vous quittez le
Figaro ! »
MF : Oui, forcément !
PTA : On sent dans la pièce que vous avez une
réelle affection ou admiration pour les photos reporters, les grands reporters,
vous nous avouez même dans le dossier de presse que vous étiez
« fasciné » par cette profession. Est-ce que le désir d’embrasser
cette profession ne vous a pas effleuré à un moment dans votre parcours, plutôt
que de devenir comédien ?
MF : Non, enfin, trop tard, je dirais. Mon intention
était d’être comédien très jeune et puis, auteur, c’est venu par la suite.
Mais, je crois que j’ai une curiosité naturelle pour tout ce qui ne représente
pas mon métier même si je le fais avec passion. Effectivement, chaque fois, je
me dis « ah, ça quand même, ça m’aurait plu ! » ça me permet aussi d’aller fouiller,
découvrir et faire un vrai travail d’investigation parce que j’adore ça. Mais
oui, dans ma tête, quelque part, je crois que j’aurais vraiment adoré ça. Mais
on ne peut pas tout faire dans sa vie ! Et puis, lorsque les grands
reporters, comme CHABALIER, viennent et qui considèrent que ça tient la route,
c’est ma plus grande fierté, parce que je sais que je l’ai fait le plus
honnêtement possible. En mettant aussi en exergue les contradictions de ce
métier, les difficultés aussi à analyser à savoir ce que ça représente vraiment
mais toujours avec l’extrême admiration que j’ai. C’est pour ça que lorsqu’on
dit que c’est manichéen, non, parce que je mets la presse partout, là où elle
est bien, là où elle n’est pas bien, là où il faut l’écouter, là où il ne faut
plus l’écouter. Tous les personnages représentent tout ça en fait, les
meilleurs aspects et les plus mauvais. Les personnages interprétées par
Philippe, par Guillaume, par toute la troupe, je crois, sont très fidèles à ce
que représentent dans le tempérament les journalistes. D’ailleurs, tous le
disent en général. C’est assez crédible. Très crédible.
PTA : A propos de Pierre Merlin-Pontet,
avez-vous pensé à un grand reporter en particulier ?
MF : C’est une synthèse. A la base, moi, l’idéal,
c’est Joseph Kessel. La figure de Joseph Kessel m’a toujours fasciné. D’abord
parce qu’il avait un physique extraordinaire, qu’il était d’une intelligence,
il était extraordinairement brillant et que c’était un formidable romancier et
en plus il était un immense grand reporter. Merlin-Pontet fait partie des
figures emblématiques, comme l’était Kessel.
PTA : Comme Albert Londres.
MF : Ah, lui, c’était le père ! C’est lui qui a
inventé le grand reportage.
PTA : Pourquoi le jeune journaliste semble
étonné qu’une belle femme puisse être grand reporter ?
MF : Lui s’imaginait que les femmes grands reporters
comme des baroudeuses alors que certaines sont vraiment très féminines. Et les
deux que l’on cite étaient des beautés.
FT : Les deux que je montre qui sont des vrais
reporters sont des splendeurs. Les filles ont été d’ailleurs des modèles de
peintre. Ce sont des femmes d’une beauté incroyable, très belle, franchement.
MF : C’était pour sortir un peu de ce qui
pouvait être une image toute faite de ce que pouvait être une photographe de
guerre. Non, une photographe de guerre ça peut être une femme très féminine.
PTA : Il n’y avait donc rien de sexiste là
dedans !
MF : Absolument pas !
PTA : Mais les premiers rôles au théâtre c’est
pour les hommes !!
MF : Oui, c’est certain, il y a plus d’hommes que de
femmes. Mais son rôle à Frédérique est déterminant pour pouvoir arriver jusqu’à
la fin.
FT : Et Aurore est un rouage complètement
nécessaire au spectacle. Si elle n’est pas là…
MF : … on n’arrive pas à savoir comme le
personnage de Grégory avancera. On a besoin d’elle. Mais la prochaine fois,
j’essaierai d’écrire pour des femmes !
PTA : Attention, on n’est enregistré ! J’aime
bien parlé des techniciens et notamment du décorateur, Edouard LAUG. Le décor
est très beau et on y voit des photos. On sait qu’il y a une photo de Capa, je
ne sais pas si c’est une vraie photo de Capa ?
MF : Si, absolument. C’est la fameuse photo de la
guerre d’Espagne dont on dit qu’elle est posée. C’est la photo emblématique du
républicain espagnol qui meurt. Et en fait, certains disent qu’il l’a fait
répéter.
PTA : C’est un peu Doisneau et son
baiser !
MF : Voilà, c’est un peu ça !
PTA : Il y a d’autres photos qui nous auraient
échappé dans le décor ?
MF : Il y a Gilles CARON, que l’on cite dans la
pièce, qui est mort en 1970. C’est lui qui a créé l’agence Sigma avec Raymond
DEPARDON
FT : Il y a les deux, CARON et DEPARDON.
MF : Il y a aussi un portrait de Marie-Laure De
DECKER, une photographe de guerre qui se fait un auto portrait très très beau.
FT : Elle était très très belle aussi !
MF : Enfin, voilà, c’était pour nous. C’était
pour crédibiliser complètement.
PTA : Alors, à propos de ce décor, est-ce qu’en
tant qu’auteur et metteur en scène vous avez donné des instructions précises au
décorateur ou lui avez-vous donné carte blanche ?
MF : Non. C’est-à-dire qu’il y a une exigence.
La problématique, c’est qu’il y a trois décors. J’avais écris la pièce comme
ça. Comment passer de l’un à l’autre ? Et c’est lui qui me propose les
solutions. Une fois qu’on est d’accord sur ces solutions ou qu’on les aménage
en fonction de ma mise en scène, de ce que j’avais imaginé, de ce que je sens possible
ou pas possible, on avance comme ça jusqu’à ce qu’on y arrive. Et pour la
petite histoire, il faut que vous sachiez qu’en fait, notre troisième décor, le
côté bar, on avait un véritable élément bar qui arrivait. On avait une petite
roulette avec une petite estrade où se trouvaient une table avec deux tabourets
et en fait, ça ne fonctionnait pas parce que lorsqu’on l’amenait ça bougeait un
tout petit peu et puis ce n’était plus en harmonie avec les deux autres décors.
Parfois, il faut même voir en répétition qu’on s’est trompé et trouver une
autre solution. Même quand on en parle avec le décorateur qui fait les plans,
qu’on est d’accord, qu’on construit, qu’on commence, une fois qu’on est sur le
plateau, bien souvent, on se rend compte de l’erreur. Mais l’avantage, c’est
qu’on peut encore modifier et c’est ce qu’on a fait d’ailleurs. Donc, c’est une
étroite collaboration jusqu’au bout, la preuve, puisqu’ensemble, il a fallu que
l’on trouve une solution. L’avantage c’est que le décorateur donne des solutions quand moi je ne lui
impose que des problèmes !
PTA : En parlant de collaboration, depuis que
nous organisons des rencontres, nous n’avons jamais reçu d’assistante. Nous
sommes donc très content, Lila REDDOUANE, de vous avoir parmi nous. Est-ce que
vous pouvez nous éclairer sur le rôle d’un assistant ?
Lila REDDOUANE (LR) : J’ai entendu une phrase
qui m’a bien plu lorsque j’ai dit autour de moi que j’allais assister Marc. On
m’a dit : « Il n’y a pas un métier d’assistante, il y a autant
d’assistantes que de metteurs en scène. » Une assistante c’est quelqu’un
qui suit qui est à côté et qui est à l’écoute. En même temps à l’écoute des
acteurs et toujours à côté. Même un petit peu derrière le metteur en scène mais
qui est là vraiment pour l’écouter…
MF : … Anticiper aussi.
PTA : Force de propositions ?
MF : Absolument ! Même des fois, je la consulte
parce que je ne sais plus. Je lui demande qu’est-ce que tu en penses, qu’est-ce
que tu as vu ? Sa parole est importante parce qu’elle peut m’éclairer au
moment où moi je suis un peu aveuglé.
GD : Je me souviens d’un moment de répétitions
où Marc tu avais dit « peut être que ces trois répliques on pourrait les
couper… » et moi depuis le plateau je dis « ah, oui,
effectivement… » Et là tu m’a répondu « Ce n’est pas à toi que je
pose la question mais à l’assistante ! » En fait cette répartition
des rôles à laquelle Marc est vigilent est finalement très agréable parce
qu’une fois qu’on est à sa place on s’éparpille beaucoup moins.
MF : Il y a ce côté artistique et il y a aussi
des choses purement techniques. C’est elle qui organise les plannings de
répétitions, qui liste tous les accessoires et toutes les circulations
d’accessoires pendant les répétitions. C’est elle qui où est le verre, moi, je
ne le sais plus ! Elle fait le lien en permanence avec les comédiens et
moi.
PTA : Toujours à propos des techniciens,
arrêtons quelques instants sur les musiciens. Il s’agit d’une musique originale
de Jérôme DESTOURS et Christophe BRUNET. Compte tenu de la construction cinématographique
de votre pièce, est ce les compositeurs ont eu des influences de musiques de
films ?
MF : En fait c’est moi. Peut-être ai-je été trop
directif, mais je ferai mon auto critique après ! J’ai fait écouter des
choses qui m’intéressaient aux compositeurs.
PTA : C’est-à-dire ? Quoi par
exemple ?
MF : Vraiment plein de choses. Des morceaux de jazz,
il y avait un groupe allemand aussi qui fait des sortes de musiques
« House ». Enfin, voilà, il y a diverses influences que j’ai données
comme ça, qui me plaisaient à l’oreille et au niveau de la rythmique aussi qui
m’intéressaient. Après, ils ont fait un mixte et puis on a avancé comme ça. En
fonction des scènes, je leur disais voilà la tendance que j’ai envie
d’entendre. Quand on es t auteur et qu’on fait la mise en scène de sa pièce,
même si je penses qu’au niveau de la direction d’acteurs j’ai pu oublier
totalement que j’étais l’auteur de la pièce, d’ailleurs même quand ils ne
disaient pas le texte, je ne m’en rendais même pas compte, c’est Lila qui me
disait « Et dis donc, là, ils ne disent pas le texte ! » Moi,
je ne m’en rendais pas compte, j’oubliais, j’étais le metteur en scène !
Mais peut-être, qu’effectivement, dans mon oreille, parce quand j’écrivais,
j’entendais de la musique, peut-être c’était trop présent et je pense que
j’aurais du un peu plus oublier à ce moment là. Mais on apprend chaque
jour ! J’aurais pu être plus subtile sur la musique, mais c’est moi, c’est
mon problème !
PTA : Pourquoi n’avez-vous pas joué dans votre
pièce ? Vous ne vous êtes pas écrit un rôle pour vous ?
MF : Non, parce que là, ça aurait beaucoup trop
lourd. Mais sachez que je vais remplacer Frédéric pendant plusieurs
représentations qui va lui-même remplacer Francis HUSTER dans « Le Journal
d’Anne Franck ». Il a besoin de beaucoup de temps pour se préparer, pour
répéter, pour aller voir le spectacle et moi pendant ce temps là, je vais
reprendre son rôle. Ça sera assez marrant. Ça aussi, ce sera intéressant par
rapport aux comédiens et à la musique d’une pièce d’avoir un nouvel interprète.
Bon l’avantage, c’est que je connais la pièce, je sais de quoi ça parle. Pour
eux ça sera différent, parce que je ne joue pas comme Frédéric Van Den
Driessche. Ça donne une certaine dose de danger qui est très intéressante. Sans
nous fragiliser, en tout cas, ça donne un bon coup de fouet en général.
PTA : Avez-vous reçu un appel de Geneviève de
Fontenay ou pas ?!!
MF : J’ai simplement confronté les
questionnements d’un grand reporter avec la futilité absolue que peut
représenter l’élection de « Miss France » !
PM : Elle n’est pas venue !
PTA : Combien de temps vous a-t-il fallu pour
monter le projet ?
MF : Si on part de l’écriture, cette pièce m’a
demandé quasiment deux ans d’écriture. D’abord, toute la documentation, la
recherche, l’investigation, le fait d’interviewer beaucoup de journalistes,
tout ça, la somme d’informations que j’ai peu avoir pour construire ma pièce,
donc deux ans. Après, il a fallu un an avant qu’on commence à répéter. Il
fallait trouver le théâtre, construire la distribution, la trouver, qu’elle
soit idéale, et après, en terme de répétitions, c’est deux mois à peu près.
Donc, tout cumulé, on dira qu’il faut trois ans et deux mois… si ça se passe
bien. Donc, c’est bien, ça va.
PTA : Cette pièce sera-t-elle adaptée au cinéma ?
MF : Oui, mais ce n’est pas mon métier. C’est-à-dire
que si quelqu’un était séduit, si un réalisateur était séduit, oui. Après, il
faudrait retravailler pour écrire le film mais, moi, pour le coup, ce n’est pas
mon métier, je ne saurais pas le faire.